Les précurseurs de l’agroforesterie moderne

L’agroforesterie et ses pratiques dérivées ont bénéficié des travaux de nombreuses personnes ces dernières années. Ils ont apporté des idées novatrices, une expertise technique et une passion pour l’amélioration de la durabilité et de la résilience des systèmes agricoles.

On peut citer notamment Patrick Whitefield qui est considéré comme l’un des pionniers de l’agroforesterie moderne. Il a écrit plusieurs livres sur le sujet et a contribué à la diffusion des principes agroforestiers. Son livre « Créer un jardin-forêt – une forêt comestible de fruits, légumes, aromatiques et champignons au jardin » est un incontournable. Il constitue une ressource précieuse et donne des conseils pratiques ainsi qu’une source d’inspiration pour créer des systèmes agroforestiers productifs, équilibrés et résilients. Il y explique les principes fondamentaux de la conception d’un jardin-forêt, en mettant l’accent sur la biodiversité, l’interaction entre les différents éléments et la gestion durable des ressources. Il nous guide à travers les différentes étapes de la planification, de la sélection des plantes adaptées à l’environnement local jusqu’à l’aménagement du terrain et l’entretien du jardin.

Il présente également de nombreux exemples concrets de jardin-forêt du monde entier, avec des informations détaillées sur les espèces végétales appropriées, les techniques de plantation, la gestion des sols et des ravageurs, ainsi que les bénéfices environnementaux, sociaux et économiques de ces systèmes.

L’agroforesterie doit également beaucoup à Ernst Götsch, un suisse, agriculteur et chercheur dont les travaux ont révolutionné l’agriculture tropicale. Il a développé le concept de l’agroforesterie syntropique, qui combine l’agriculture, la sylviculture et la régénération des écosystèmes. Au cours de sa carrière, il a acquis une solide expérience dans l’agriculture conventionnelle, mais il a finalement remis en question les méthodes traditionnelles qui épuisaient les sols et contribuaient à la déforestation. Il s’est alors tourné vers des pratiques agroforestières inspirées par les écosystèmes naturels, dans le but de restaurer les terres dégradées et d’améliorer la productivité agricole de manière durable tout en favorisant la biodiversité.

Il a partagé ses connaissances et son expérience à travers des conférences, des ateliers et des formations dans le monde entier. Il a également créé des centres de recherche et des fermes pilotes, notamment la Fazenda da Toca au Brésil, où il met en pratique ses principes agroforestiers et développe des méthodes adaptées aux conditions tropicales.

Robert Hart quant à lui est considéré comme le père de la forêt comestible. Il a été l’un des premiers à développer et à promouvoir des systèmes agroforestiers à base de plantes vivaces. Dans les années 1970, il a transformé un terrain de petite taille dans les Midlands de l’Angleterre en un jardin forestier modèle. S’inspirant des principes de la permaculture et de l’agroforesterie, il a combiné des arbres fruitiers, des arbustes, des plantes grimpantes, des herbes et des légumes comestibles dans des agencements stratégiques. Sa vision était de recréer des écosystèmes forestiers productifs et résilients, en exploitant les relations symbiotiques entre les plantes. Son approche était axée sur la diversité, l’interconnexion des espèces et la stratification des canopées. Il croyait en la capacité des écosystèmes naturels à se régénérer et cherchait à appliquer ces principes dans le domaine agricole.