La mycorhisation

Dans la nature, les plantes sont immobiles tandis que les ressources nécessaires à leur survie sont réparties de manière inégale. Les communautés végétales ont donc développé des systèmes d’échange pour partager les richesses présentes sur leur territoire.

Qu’est-ce que la mycorhization ?

La mycorhization est un processus biologique qui établit une relation symbiotique entre les champignons et les plantes. Il s’agit d’une association mutuellement bénéfique dans laquelle les champignons mycorhiziens colonisent les racines des plantes, formant ainsi une structure appelée mycorhize.

Une stratégie naturelle pour renforcer la résistance des plantes

Les champignons mycorhiziens jouent un rôle essentiel dans l’absorption des nutriments du sol, en particulier des éléments tels que le phosphore, le potassium et l’azote, qui sont souvent présents en quantités limitées. Ils étendent leur réseau de fins filaments appelés hyphes dans le sol, augmentant ainsi la surface d’absorption des racines des plantes. En retour, les plantes fournissent aux champignons des sucres produits par la photosynthèse, leur permettant de se nourrir.

La mycorhization présente donc de nombreux avantages pour les plantes. Elle améliore l’absorption des nutriments, renforce leur résistance aux maladies et aux stress environnementaux. Les champignons mycorhiziens peuvent également aider à décomposer la matière organique du sol, favorisant ainsi la fertilité et la structure du sol.

Exemple de transfert de nutriments grâce à la mycorhyzation

Un champignon (le gloméromycète) a la capacité d’extraire le phosphore de l’environnement et de le transporter jusqu’aux racines, où il peut interagir avec 39 autres champignons. Ces champignons transmettent le phosphore aux plantes environnantes avec lesquelles ils sont connectés. Ainsi, le phosphore se propage progressivement à travers toute la zone. En moins de dix jours, le phosphore apporté en un endroit se répartit sur une superficie de plus de 1000 m², ce qui est extrêmement rapide.

Un réseau de communication

Les mycorhizes permettent également la communication entre les plantes qui échangent des informations via des signaux chimiques transmis par les champignons. Ces signaux, sous forme d’ARN, peuvent contenir des informations sur les maladies, les conditions climatiques et d’autres facteurs environnementaux. Les plantes peuvent ainsi se prévenir mutuellement et activer des mécanismes de défense adaptés.

Le langage des plantes

Lorsqu’une aubergine est attaquée par un mildiou, elle transmet un message compréhensible par une tomate qui pousse à proximité. Certains de ces messages réussissent à traverser une barrière spécifique. Ainsi, un langage des plantes existe, avec certaines familles de plantes utilisant un vocabulaire très spécifique, tandis que d’autres partagent des mots communs compréhensibles entre différentes familles. Ces messages véhiculent également des informations sur les adaptations aux conditions climatiques particulières telles que les canicules, les hivers rigoureux ou froids, ou même les hivers trop doux. Si un vieil arbre contenant ces informations est connecté aux cultures par des réseaux continus de mycélium jusqu’à la parcelle, ces informations circulent et aident à protéger les plantes cultivées.

Comment favoriser la mycorhization et la formation d’un réseau de champignons mycorhiziens dans le sol ?

Dans un sol vivant, plusieurs facteurs favorisent une bonne mycorhization. Ce qu’il y a dans notre parcelle est important mais ce qu’il y a autour l’est tout autant. Par exemple, la présence de vieux arbres à une distance de 250 à 500 m du lieu est bénéfique. Si cette zone est une forêt, c’est encore mieux. Une lisière forestière, avec des ronces à environ 150 ou 200 m du terrain, est un atout important.

En bordure notre parcelle, on peut implanter une haie fleurie diversifiée qui sera taillée de manière alternative (1/3 de la haie chaque année). On garde bien les déchets de taille sur la parcelle. Il est important d’avoir tout le temps du bois mort en décomposition pour favoriser les champignons. Au départ, cet apport peu également être sous forme de BRF.

À l’intérieur de la parcelle, la présence d’arbres isolés qui serviront de relais est importante. Il faut choisir de préférence des arbres de types endomycorhiziens (pruniers…) que l’on peut conduire en trogne pour certains. L’idéal pour les choisir est de regarder ce qui pousse autour de nous et de choisir parmi les arbres d’environ 3m de haut et qui font des fleurs. Un arbre s’étend dans le sol sur l’équivalent de 1,5 fois sa hauteur grâce à ses racines, mais sur 2,5 fois sa hauteur grâce à son réseau de mycorhize! Quand on trogne un arbre, une partie de ses racines se décomposent et cela dégage de l’eau et développe des réseaux endomycorhiziens qui se mettent en lien. Quand on travaille le sol, on détruit ces champignons. il faut donc adapter sa pratique agricole pour avoir une mycorhization bénéfique.

Arbres fruitiers et champignons mycorhiziens : une alliance prometteuse dans nos cultures contre le réchauffement climatique

Actuellement en Europe, la situation est compliquée car la présence de champignons mycorhiziens issus des arbres forestiers ne correspond pas aux besoins de nos cultures. C’est pourquoi nous avons tendance à penser que cela pousse mal à côté des arbres. Cependant, si l’on observe les effets du réchauffement climatique et que l’on regarde vers les régions plus chaudes au sud, on constate que la croissance des plantes est améliorée à proximité des arbres.
En réalité, de nouvelles trames de champignons ont émergé dans ces zones plus chaudes et commencent à se répandre chez nous.
Ainsi, pour favoriser le développement de ces nouvelles trames dans nos sols, il sera nécessaire de repenser les choix d’arbres pour nos aménagements et de nous adapter en privilégiant davantage les arbres fruitiers plutôt que les arbres forestiers.

Les forêts de demain en France ne seront plus des conifères, chênes… car ils ne seront plus adaptés. Au Japon, la moitié des arbres forestiers sont des arbres fruitiers, au Kazakhstan il existe 250 espèces fruitières déjà adaptées… Dans ces pays les hommes ont toujours fait avec la forêt, sur le modèle de l’agroforesterie et leur forêt a évoluée avec l’homme.