L’agroforesterie est une pratique agricole qui combine harmonieusement les arbres, les cultures et/ou le bétail sur une même surface. C’est une approche qui s’inspire des écosystèmes naturels, où les arbres jouent un rôle essentiel dans le maintien de la fertilité du sol, la régulation du climat, la préservation de la biodiversité et la durabilité des systèmes de production. En associant les arbres aux cultures ou au bétail, l’agroforesterie offre de multiples bénéfices, tant sur le plan agronomique qu’environnemental.
Il existe différentes pratiques agricoles liées à l’agroforesterie, telles que l’agriculture syntropique, les jardins-forêts, les vergers maraîchers, les vergers permaculturels, les forêts comestibles… Chacune de ces approches possède ses spécificités et contribue à la diversification et à la résilience des systèmes agricoles.
Origines
Les origines de l’agroforesterie remontent à des milliers d’années. Dans de nombreuses cultures traditionnelles à travers le monde, les arbres étaient intégrés dans les systèmes agricoles pour créer des microclimats favorables, fournir de l’ombre aux cultures sensibles à la chaleur, protéger les cultures contre le vent et les tempêtes, et servir de source de nourriture et de matières premières.
Au fil du temps, l’agroforesterie a évolué en fonction des besoins et des contextes locaux. Les pratiques agroforestières ont été façonnées par les connaissances et les expériences transmises de génération en génération, créant ainsi des systèmes agroforestiers adaptés à chaque région. Elle est aujourd’hui utilisée dans de nombreuses régions du monde.
Au cours des dernières décennies, l’agroforesterie a également bénéficié des avancées scientifiques et de la recherche. Des études ont été menées pour évaluer les avantages de l’agroforesterie en termes de productivité agricole, de résilience aux changements climatiques, de conservation de la biodiversité et de services écosystémiques. Ces recherches ont contribué à la reconnaissance de l’agroforesterie comme une approche viable pour promouvoir la durabilité et la sécurité alimentaire.
Les principes fondamentaux de l’agroforesterie reposent sur la diversification des cultures, la gestion intégrée des arbres et la synergie entre les différents éléments du système. La diversification permet de réduire les risques liés aux aléas climatiques, aux maladies et aux ravageurs, tout en augmentant la productivité globale. La gestion intégrée des arbres implique de sélectionner et de planter des espèces adaptées au contexte local, de les entretenir et de les protéger pour maximiser leurs bienfaits. Les arbres et les cultures interagissent de manière bénéfique, par exemple grâce à la fixation de l’azote par les légumineuses ou à l’ombre fournie par les arbres pour les cultures sensibles à la chaleur.
En France, la forme principale d’agroforesterie traditionnelle est l’association d’arbres fruitiers de grande taille plantés avec un espacement important et associés à des cultures intercalaires ou des pâturages (pré-vergers). Ces arbres ont souvent une double vocation productive, à la fois pour les fruits et pour le bois. Historiquement, le chêne et le châtaignier étaient les essences les plus utilisées dans ces pratiques agroforestières jusqu’au XVIIe siècle, car les fruits étaient une source alimentaire essentielle pour nourrir les animaux en automne. Ensuite, de nouvelles essences, principalement fruitières, ont été ajoutées à ces systèmes pour la consommation humaine, telles que les noyers, poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers, mirabelliers, mûriers, oliviers et amandiers.
Il existe différents types de vergers agroforestiers en France. Par exemple, le verger normand se compose principalement de pommiers à cidre et de poiriers à poiré, axé sur la production de produits cidricoles pour un usage familial. Le verger lorrain est lui dominé par le mirabellier, avec également des pommiers et des pruniers, et n’était pas traditionnellement pâturé. Le verger montagnard est un petit verger familial principalement composé de pommiers et de poiriers, et est associé au pâturage de vaches laitières.
Au cours des dix dernières années, de nouveaux systèmes agroforestiers expérimentaux ont été mis en place dans le pays, associant des arbres forestiers plutôt que des arbres fruitiers à des cultures et des pâturages. La mise au point de ces systèmes pourrait bénéficier grandement des connaissances acquises dans les systèmes traditionnels basés sur des arbres fruitiers de grande taille.
En résumé, l’agroforesterie est une pratique qui puise ses origines dans les connaissances et les expériences traditionnelles, tout en s’appuyant sur les avancées scientifiques modernes. Elle offre un moyen prometteur de concilier production agricole, conservation des ressources naturelles et résilience face aux défis environnementaux. En adoptant une approche holistique, l’agroforesterie permet de créer des systèmes durables et équilibrés, contribuant ainsi à un avenir agricole plus résilient et respectueux de l’environnement.