À travers le monde, de nombreuses cultures traditionnelles ont utilisé l’agroforesterie comme pratique intégrée dans leurs systèmes agricoles.
♦ Dans des régions telles que l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et le nord de la Thaïlande, les populations locales ont développé des systèmes de jardins forestiers, également connus sous le nom de « jardins tropicaux » ou « jardins agroforestiers ». Ces systèmes combinent des arbres fruitiers, des légumes, des cultures vivrières et des plantes médicinales, créant ainsi des écosystèmes diversifiés et productifs.
♦ Les populations autochtones du Mexique, du Guatemala, du Honduras et d’autres pays d’Amérique centrale pratiquent depuis longtemps le système agroforestier en combinaison avec le système « Milpa ». Il s’agit d’un système dans lequel des cultures de maïs, de haricots et de courges sont cultivées ensemble avec des arbres fruitiers, des arbustes et d’autres plantes. Cette approche permet une utilisation efficace des ressources et une complémentarité entre les cultures.
♦ En Afrique de l’ouest on trouve divers systèmes agroforestiers traditionnels tels que les « parklands » et les « agrosylvopastoral systems ». Les parklands sont des systèmes où les arbres sont intégrés dans des pâturages, offrant de l’ombre aux animaux et fournissant du fourrage. Les agrosylvopastoral systems combinent des cultures vivrières, des arbres fruitiers et des pâturages pour le bétail.
♦ Les cultures anciennes des Andes, telles que les Incas, ont développé des systèmes de terrasses pour l’agriculture en montagne. Ces systèmes agroforestiers comprenaient des cultures en terrasses, des arbres fruitiers et des canaux d’irrigation pour maximiser l’utilisation des pentes montagneuses et prévenir l’érosion des sols.
♦ Dans des pays comme le Kenya et la Tanzanie, les agriculteurs ont adopté des pratiques agroforestières telles que la culture intercalaire des arbres fruitiers avec des cultures vivrières telles que le maïs, le manioc et le sorgho. Ces systèmes permettent une utilisation plus efficace des terres, une augmentation de la biodiversité et une diversification des revenus.
Zoom sur la Dehesa en Espagne
Le système agricole de la Dehesa en Espagne est un exemple d’agroforesterie traditionnelle qui est principalement pratiqué dans la région de l’ouest de l’Espagne, notamment en Extrémadure et en Andalousie. La Dehesa est un paysage caractéristique de la péninsule ibérique, connu pour sa combinaison d’arbres, principalement des chênes-lièges (Quercus suber) et des chênes verts (Quercus ilex), avec des pâturages et des activités d’élevage.
Ses principales caractéristiques :
- C’est un système agroforestier où les arbres sont intégrés aux activités agricoles et d’élevage. Les chênes-lièges et les chênes verts fournissent de l’ombre aux animaux, du pâturage pour le bétail et des produits forestiers tels que le liège et le bois.
- Ses pâturages sont utilisés pour l’élevage extensif de bovins, de porcs et de moutons. Les animaux se nourrissent de l’herbe des pâturages ainsi que des glands et des herbes qui poussent sous les arbres. Cette alimentation naturelle donne à la viande un goût caractéristique et une qualité supérieure, comme c’est le cas du célèbre jambon ibérique.
- Elle abrite une grande diversité d’espèces animales et végétales, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité. Les arbres fournissent un habitat pour de nombreux oiseaux, mammifères et insectes, et les pâturages soutiennent une variété d’espèces herbacées.
- Se système offre de nombreux services écosystémiques importants, tels que la régulation de l’eau, la séquestration du carbone et la protection des sols contre l’érosion.
La Dehesa est un exemple remarquable d’agroforesterie méditerranéenne, où l’intégration des arbres, des pâturages et de l’élevage crée un équilibre écologique et offre des avantages économiques aux agriculteurs et aux éleveurs locaux.