Cultivons l’eau! Les 7 cycles de l’eau

L’eau est essentielle à la vie sous toutes ses formes et états. Sans elle, il n’y aurait pas de vie. Elle compose la majeure partie des êtres vivants et joue un rôle crucial dans leur émergence et leur survie. Les découvertes les plus récentes confirment une connaissance ancienne, mais souvent négligée : les liens entre l’eau, les plantes et la vie du sol sont non seulement étroits, mais également indissociables. Et contrairement à ce que l’on croit habituellement, il n’existe pas un mais 7 cycles de l’eau !

Le cycle de « l’eau bleu », celui que tout le monde connaît et que l’on apprend à l’école. Les nuages sont formés par l’évaporation des océans. Ils précipitent ensuite sous forme de pluie sur les continents. Cette pluie remplit les lacs, les rivières, les nappes phréatiques et retourne à l’océan.

Le cycle de « l’eau verte » qui provient de l’évapotranspiration des arbres. L’eau de pluie provenant de l’océan est évapotranspirée par les forêts, puis se condense et précipite à nouveau, et ce processus peut se répéter de 7 à 8 fois consécutives, couvrant des distances de 500 km à chaque étape. De plus, la condensation créée par les forêts génère une dépression qui engendre les vents, permettant ainsi le « transport » de la pluie sur de vastes étendues.

Le cycle de la photosynthèse. Et oui, la réaction de la photosynthèse crée de l’eau. C’est une eau « neuve » car elle est créée en partie avec les atomes de l’oxygène de l’air.

Le cycle des noyaux de condensation nuageux grâce notamment aux spores de champignons. Avant un orage, les champignons dispersent leurs spores qui, grâce à l’effet venturi lorsque la pluie commence à tomber, sont rapidement entraînées vers le ciel, rejoignant les nuages. Là-haut, les spores se transforment en noyaux de condensation, contribuant ainsi à la formation de nouvelles gouttes de pluie à plusieurs kilomètres de distance. Les arbres aussi produisent des composés organiques volatiles qui agissent de la même manière, tout comme la décomposition du phytoplancton dans les océans.

♦ Le cycle de la rosée, qui est lui aussi bien connu avec l’eau qui se condense sur les parties froides en fonction du point de rosée. Ce qui est moins connu c’est que par temps très chaud, chaque arbre qui crée de l’ombre grâce à ses feuilles, réduit ainsi la température en dessous du point de rosée (qui est de 28°C dans une atmosphère humide). Cela entraîne la condensation de l’évapotranspiration émanant de l’arbre lui-même. En d’autres termes, l’arbre s’arrose lui-même grâce à ce phénomène, tout autant que par l’eau de pluie qui l’a arrosé. Il a d’autre part des alliés qui entretiennent la fraîcheur dans le sous-bois. Le lierre grimpant sur les troncs des arbres, combiné aux champignons régulateurs d’humidité dans le sol, agissent comme une véritable source d’eau pour l’arbre lui-même et les plantes environnantes. Selon Hervé Coves, la quantité d’eau ainsi disponible pour les plantes représenterait environ la moitié de leurs besoins en eau.

Le cycle cosmique, qui nous apporte de l’eau grâce aux météorites qui peuvent en comporter jusqu’à 20 %.

Le cycle du feu… en effet, quand on brûle du bois, du gaz on dégage de la vapeur d’eau. De la même manière, de l’eau peut être créée lorsque le bois est décomposé par les champignons. L’eau qui est issue de cette combinaison entre l’oxygène de l’air et l’hydrogène du bois est appelée « eau vierge ». Dans un bassin forestier, l’eau des sources est composée à environ 15 % de cette eau vierge.

La connaissance de tout ces cycles nous donne des clés pour lutter contre les sécheresses. En réalisant une reforestation massive, nous pouvons stimuler l’évapotranspiration et la génération d’eau par photosynthèse. En associant les arbres à des plantes telles que le lierre qui favorisent la condensation, en concevant des paysages forestiers pour créer des puits de condensation, et en régénérant les sols vivants où les champignons et les micro-organismes peuvent continuellement générer et diffuser l’eau souterraine, nous avons à notre disposition toutes les solutions basées sur la nature pour restaurer les sources et favoriser les précipitations – en d’autres termes, pour « cultiver l’eau » ! Et l’agroforesterie joue un rôle clé dans cette approche. Tout est lié!

Pour en savoir plus, la vidéo de Hervé Covès pour les Alvéoles ici et un document complet écrit par Jean-Luc Galabert « Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat » et sur https://interculturelles.org/project/cultiver-l-eau/